Wodecq durant l’Occupation
Wodecq, Ocq en patois local, est un village de la Wallonie picarde qui, jusqu’à la fusion des communes en janvier 1977, s’administrait de façon autonome. Depuis, avec son voisin, La Hamaide, il a été rattaché à Ellezelles pour former une entité de quelque 6.000 habitants.
Situé à proximité des Ardennes flamandes, Wodecq offre un paysage vallonné, boisé et morcelé en de nombreuses parcelles où il fait bon vivre. Pour preuve l’attrait observé depuis quelques années pour s’y installer.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Wodecq était un village privilégié; il ne s’y passait pas grand-chose. Un bon millier d’habitants exerçaient des activités essentiellement rurales. De petites fermes de quelques hectares étaient implantées de-ci de-là, tantôt seules, tantôt regroupées en petits hameaux.
Les gens semblaient vivre en paix. Il n’y passait qu’un tram vicinal faisant la liaison entre Flobecq et Ath. Passant aux confins du village, sa présence ne gênait pas grand monde. Aucune activité industrielle ou commerciale, aucun nœud ferroviaire qui aurait pu intéresser l’Occupant ou susciter sa méfiance n’y étaient implantés. La présence de celui-ci n’était dès lors pas inquiétante. A condition de respecter quelques règles de prudence, les Wodecquois avaient pris l’habitude de vivre sans trop se soucier de sa présence. Discrètes aussi les actions de la Résistance dont une des préoccupations était de secourir, si besoin, les équipages des avions tombés dans la région, les cacher et, si elle en avait les moyens, les exfiltrer avec la complicité courageuse mais quelques fois imprudente des villageois.
Pourtant les centres industriels ou commerciaux ne sont pas bien loin : Renaix, ses commerces et ses usines textiles (8km), Lessines et ses carrières de porphyre (6km), Ath pour la liaison aisée que cette ville offre avec Bruxelles (50km), le Borinage et ses mines (25km) ou Tournai (30km).
L’activité des Wodecquois reposait sur une agriculture essentiellement vivrière. Dans des exploitations de faible superficie où les attelages bovins n’étaient pas disparus, ils cultivaient les céréales, la betterave, la pomme de terre et le tabac. Quant à l’élevage, il servait essentiellement à alimenter le garde-manger familial. Si excédant il y avait, il était vendu.
Pour améliorer le quotidien familial, beaucoup d’hommes avaient une occupation à l’extérieur, tantôt dans les carrières de Lessines, tantôt dans les bonneteries ou les petites entreprises de la région. Quelques-uns, plus instruits ou, tout simplement, plus entreprenants, occupaient un poste dans les Services publics. Prendre le train chaque matin et se rendre à Bruxelles était, pour bon nombre d’entre eux, un signe de réussite.Quant aux femmes, leur journée était bien occupée. Elle était d’abord consacrée aux travaux domestiques et à l’éducation de leurs enfants. Mais pour aider leur mari - ou le remplacer s’il était prisonnier - elles s’adonnaient à des travaux de
couture, au séchage du tabac dans le grenier ou à la culture de diverses plantes médicinales qu’elles livraient aux herboristeries de la région de Lessines. Bien modestes, mais assez lucratives, ces activités parallèles ont souvent permis à ces familles d'offrir une scolarisation poussée à leurs enfants.
C'est donc dans l'insouciance et l’attente d'une libération qui tardait que la population de Wodecq se trouvait au matin du mercredi 14 juin 1944.
Actuellement, l’entité d’Ellezelles fait partie du Parc régional des Collines sillonné à longueur d’année par de nombreux marcheurs et cyclistes avides de bon air et de quiétude.