Une population enthousiaste et reconnaissante
Le mercredi 14 juin 1944 et le samedi 8 septembre 2012 furent des journées pleinement ensoleillées. Si la première fut de triste mémoire, la seconde fut empreinte d’émotion et de reconnaissance.
L’inauguration de la stèle érigée pour commémorer le geste héroïque posé par le lieutenant Addy a dès lors pu se dérouler sous les meilleurs auspices.
Les populations locale et régionale avaient répondu au-delà de toute attente à l’invitation qui avait été lancée soit par le bouche à oreilles et les journaux régionaux, soit encore par Radio Lessines et son dynamique animateur Claude Vandauleur.
La fanfare de Wodecq, présente sur la place du village afin d’animer la ducasse de septembre, se fit une joie de rejoindre cette assemblée pour donner encore un peu plus de faste à la cérémonie.
Carl Miclotte, malgré un agenda fort chargé, était également présent à Wodecq, son village natal, avec son club « Colli-mateur » dont les membres avaient revêtu des uniformes militaires d’époque et étaient accompagnés de quelques véhicules datant des années de guerre. A leur manière, ce sont de fameux passeurs de mémoire. Qu’ils en soient remerciés.
Les autorités communales toutes présentes ainsi que les responsables des associations patriotiques de l’entité d’Ellezelles eurent l’honneur d’accueillir le représentant de l’Ambassadeur des Etats-Unis, le colonel Dean D. King, et quelques agents du Shape venus en famille.
Les séniors étaient heureux de raviver auprès des jeunes générations de nombreux souvenirs ancrés dans leurs mémoires et portant sur cette sombre période. Sans s’en apercevoir, ils étaient, eux aussi, devenus des passeurs de mémoire.
L’émotion fut à son comble quand l’épouse de Carl Miclotte, remit à Jim, le neveu du lt Addy, le sifflet qui, dans la carlingue, pendait devant le visage de son oncle. Dans la plupart des avions militaires alliés, par mesure de précaution, un sifflet pendait devant le pilote pour le cas où il aurait à communiquer avec son équipage si les liaisons radio étaient défectueuses ou coupées. Le geste de cette dame est d’autant plus appréciable qu’elle détenait cette relique de son papa. Celui-ci avait aperçu de la fumée dans le ciel de Wodecq. Il enfourcha aussitôt son vélo et descendit de La Hamaide, gagna la prairie et entra dans la carcasse de l’avion encore fumante où il « cueillit » le premier objet qui se présentait à lui : le sifflet. Il était loin d’imaginer que son geste serait, plusieurs décennies plus tard, à l’origine de tant d’émotion.
